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samedi, 01 novembre, 2008

[Pourquoi ce site ?]

Depuis près d’un an, quelques fils ou filles d’officiers ex-PG dans les OFLAGs de 1940-1945 se rencontrent fréquemment afin d’échanger des informations et rassembler des photographies ou des dessins évoquant les années passées par leurs pères à :

PRENZLAU - FISCHBECK/Hamburg – ROTENBURG a.d.Fulda - COLDITZ – EICHSTÄTT - JULIUSBURG - LÜBECK – NEU-BRANDENBURG – SOEST – TIBOR – FALLINGBOSTEL – BOCHOLT – LÜCKENWALDE...

Simples rencontres amicales, au départ ! Ces enfants d’Officiers-et-Prisonniers de Guerre ont rapidement réalisé l’enjeu capital de leur initiative. Pour élargir le débat, ils ont cherché et cherchent encore des Anciens, de « vrais PG ».

Mais oui, il y en a ! Bon pied, bon œil ! Et ce qu’ils racontent est riche d’enseignements. Pour aller plus loin encore, c’est le cas de le dire, des fils et filles ont fait « le voyage » et se sont rendus à PRENZLAU (90 kms de Berlin) ou à TIBOR (en Pologne). Les côtes de la Baltique valent bien celles de Normandie et les rives de l’Elbe et de l’Oder ont des leçons à donner…

Les années Quarante ! Sans les regretter, loin s’en faut, ce n’est pas du tout des années qu’il vaut mieux oublier.

La Vache et le Prisonnier

Tourner la page ? Même « ceux qui se sont trompés » ont à nous faire comprendre que l’on peut se tromper. Rions de bon cœur avec les Bourvil et De Funes de La Grande Vadrouille. Evidemment ! Nombreux sont ceux qui n’ont gagné la guerre qu’après 1945, au cinéma, en ridiculisant le vainqueur du moment. Pourtant très poignantes furent – et sont encore aujourd’hui - les réalités d’un conflit guerrier, bien plus que les images héroïques et moralisatrices de certains films de guerre et d’espionnage. Et le bon exemple ne se trouvait pas du côté des rigolards et des petits malins du Bon Beurre. Pour épingler les monstruosités des Nazis, il n’y a pas – malheureusement, que la Résistance, le Jour le plus long, Nuit et Brouillard, la Shoah ,les Evasions célèbres ou le Jour V.

Hélas, la première moitié des années quarante, ce fut, pour beaucoup trop d’officiers, cinq années de prison par ordre et, très vite, par contrainte, sans jugement ni dette à payer à la société. cinq années de mépris et de manœuvres subies, cinq années de promiscuité et de disputes internes, cinq années de mise en otage. Cinq années pourtant de défi à l’injuste occupant de la patrie, chez celui-ci même, et de mobilisation des gardiens et policiers ennemis. Ce fut encore des bombardements, subis au même titre que les combattants, les libérés et les victimes civiles. Ce fut souvent des libérations entre deux fronts ou par des voleurs de montre.

Nos captifs par ordre, furent avec raison surnommés les Chétifs (du latin populaire captivus ) par un auteur belge, Roland Crahay, en titre de son récit publié peu après son retour dans la « mère-patrie ». Chétifs certes, mais résilients…

Tant pis si tout cela n’est pas (toujours) très gai !

Sachez cependant les surnoms que donnaient nos pères à leur gardien. Sachez les paroles vraies de l’air que jouait le trompette de l’Oflag quand le chef du camp se présentait au corps de garde. Sachez aussi la délectation des Chétifs quand von PAULUS (entre les mains duquel notre représentant avait dû signer l’acte officiel de « notre » capitulation) dût à son tour capituler dans les formes devant les Soviets, à Stalingrad. Notre représentant était alors emprisonné à Prenzlau, ruminant «nos » espoirs.

Il est importantissime que « those who came after » (ceux qui sont venus après) sachent, ce qu’est au juste la Guerre, ce lamentable jeu de ruine et de massacre, immense misère de l’homme, plaie de nos actualités se dévoilant, fort pudiquement d’ailleurs, dans nos journaux et sur nos écrans, déguisée le plus souvent en épopée, en panache, en uniformes, insignes et véhicules rutilants.

IL FAUT nécessairement HAÏR LA GUERRE.

Nos moyens défensifs sont des maux nécessaires, mais pas la guerre, PAS LA GUERRE !

Pour bien connaître cet adversaire de l’humanité, il faut se montrer froidement son VRAI visage. La guerre, FAIBLESSE DE L’ESPRIT.

Comme la famine et la peste, il n’est pas impossible de vaincre ce fléau de notre imbécillité. Et cela, malgré la phrase lue dans son cachot et gravée pour 60 ans au moins dans la cervelle d’un PG mis au cachot à PRENZLAU : Gegen die Dummheit kämpfen die Götter selbst (= Contre la Sottise, les Dieux eux-mêmes luttent en vain)

Il y a peu, un petit journal d’une fraternelle de Résistants français le soulignait, dramatiquement :

La sauvegarde des archives devient urgente ! Que les anciens (…) ne brûlent rien ! ne jettent rien ! Une simple lettre venant d’un stalag ou d’un oflag, une modeste carte transitant aux bons soins de la Croix-Rouge Internationale des années 1930-1960, revêtent une importance que vous ne soupçonnez pas ! Notre ami Henri Bruller (Vercors, Le Silence de la Mer, Les Armes de la Nuit ) nous avait mis en garde: «Quand la mémoire faiblit, quand elle commence comme une fragile falaise rongée par la mer et le temps à s’effondrer par pans entiers dans les profondeurs de l’oubli, c’est le moment de rassembler ce qu’il en reste, ensuite il sera trop tard ! »

Posted by bertinj at 5:39 PM
Edited on: samedi, 08 novembre, 2008 6:13 PM
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