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dimanche, 09 novembre, 2008

[Silence]

Le monde des prisonniers est "très fermé"

Le monde des prisonniers est "très fermé". (Citation de Jacques PERRET, Le Caporal épinglé, Contes de Fées, p.215)

Faut-il en rire?

Larvatus prodeo

Saint-Germain ou la Négociation

Ces marins de la Royal Navy, capturés par des soldats iraniens, prisonniers médiatisés à la une, en situation de guerre, libérés en avril 2007 tout aussi médiatiquement et tout autant à la une par l'Iran, au prix d'excuses publiques, confessant leurs (vilains) péchés commis contre les fidèles de M.Ahmadinejad, autorisés à décrire leurs pénitences moyennant rémunération de leurs interviewers... Puis le silence. On ferme le dossier. Rien ne s'est passé. Rien ne se passe plus. A-t-on cauchemardé?

Et ce journaliste italien, pris en otage par les Taliban, libéré gratis pro Deo (ou pro Prodi) par les généreux jihadistes, accueilli très médiatiquement par sa fille au-joli-coup-de-rein (comme aurait écrit Homère)... Puis, le chauffeur ou l'interprète du journaliste proprement découpé. Et nouveau silence de chapelle mortuaire.

Exemples! Tout démontre que le public n'est que très mal informé, que des "choses" se passent sous le manteau.

Comme l'écrivait Francis WALDER (né Waldburger), cet officier artilleur belge, ex-prisonnier des années 40-45, Prix Goncourt en 1958, né en 1906, décédé en 1997: ...le contraste m'a saisi de tant de puissance ressentie, tant de ressources exploitées, et du peu qui s'en est manifesté à la surface du monde visible. J'en ai conclu que toute activité véritablement humaine se referme sur soi, que les combats d'hommes se déroulent dans l'ombre, que ce qui en parait finalement à la lumière et qu'on appelle victoire ou défaite n'est qu'arrangement factice, fait pour les yeux de la multitude et sans rapport avec le fond. Dés lors celui qui aime construire se doit d'agir obscurément.

C'est ce que firent sans doute, mais pour la plupart sans s'en douter, contre leur gré plus que probablement, les 70000 prisonniers pour la plupart wallons ou bruxellois francophones (plus quelques flamands se sentant belges) que "la puissance détentrice" maintint derrière les barbelés entre mai 40 et mai 45. Des exilés, au sens du Dictionnaire dicté par le Diable vers 1911 à Ambrose Bierce. Exilé: personne qui sert son pays en résidant à l'étranger, sans être pourtant ambassadeur.

Larvatus prodeo, je m'avance masqué... (Devise de Descartes)

La Chute d’Icare

La fable de la Chute d'Icare. Dédale et Icare, récit mouvementé de l'évasion de 2 prisonniers célèbres. Evasion manquée d'Icare, réfléchir aux causes de son échec.

Considérer le tableau de Pierre Bruegel au Musée d'Art Ancien de Bruxelles. Pourquoi le peintre s'est-il braqué (avec discrétion) sur l'échec d'Icare? Pourquoi une réplique de ce tableau, qui présente aussi Dédale, est-elle en général moins appréciée?Andromède, première prisonnière

Le nom du premier prisonnier théorique de l'histoire humaine, Prométhée. Ce n'est pas la nuit des temps, mais c'est très loin.

Et le nom de la première prisonnière?

Andromède, fille de Céphée le roi d'Ethiopie et de Cassiopée sa femme. La cause était entendue: Cassiopée avait prétendu que sa fille était plus belle que les Nymphes. La beauté de votre fille ne se discute pas. Le père des Nymphes, Poséidon en personne, vengea l'honneur de ses filles non pas en augmentant la beauté de ses filles, ni en enlaidissant Andromède. Il enchaîna celle-ci sur un rocher que gardait (protégeait) un serpent-crocodile-baleine (Cetus ou Léviathan), qui se trouva ainsi prisonnier autant que sa prisonnière, mais sans chaînes. Cette captive ne fut qu'une chétive victime, le héros fut le grand Persée, qui passant par là, tua le serpent-crocodile-baleine et détacha sa captive.

Les noms changent, le récit demeure, fluctuant comme Protée.

Que Persée fut bien plus honoré de sa victoire que la victime libérée, qui s'en étonnerait? Tous les acteurs de cette histoire, sauf peut-être les Nymphes, sont aujourd'hui des constellations (Comprenez: des figures illusoires de l'humanité lorsqu'elle contemple le firmament sans l'obstacle des néons des autoroutes et des villes).

Les Hébreux célébraient le vainqueur du Serpent autant que les Grecs. Ils en faisaient même leur Dieu, Yahvé: "Ce jour-là, Il châtie de son épée, dure, grande et forte, Léviathan le serpent qui s'échappe, Léviathan le serpent tortueux, il tue le dragon qui hante l'océan." (Isaïe XXVII, 1)

Et les Egyptiens l'évoquaient partout dans leur Livre des Morts et sur les murs de leurs tombeaux.

Lui le victorieux, Andromède beaucoup moins.

On finira par l'omettre tandis que Persée sera christianisé en Saint-Georges ou Saint-Michel. Quant au Serpent-Crocodile-Baleine, lui aussi pourtant "libéré" de ses devoirs de tyrannosaure protecteur, il ne lui reste plus qu'à se faire oublier.

Comme l'écrivit Hergé, au lendemain du Débarquement de Normandie: "Seigneur, libérez-nous de nos Protecteurs et protégez-nous de nos Libérateurs." Mais le père de Tintin avait ses raisons pour prier ainsi.

Posted by bertinj at 8:58 AM
Categories: L'Histoire