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samedi, 08 novembre, 2008
OFLAG II A Prenzlau | Les Colis
Maj. LEGRAND, officier évadé le 22 juillet 1943 : Rapport sur les Conditions de Vie des officiers belges prisonniers à l'Oflag II A, à Prenzlau (Londres, le 29 février 1944)
Colis individuels et collectifs:
Les prisonniers reçoivent mensuellement 2 étiquettes donnant droit chcune à 5 kg de vivres; les officers généraux en reçoivent plus. Ces étiquettes sont adressées aux destinataires de leurs choix. Un colis arrivant sans étiquettte est délivré contre remise d'une de celles-ci que l'on peut obtenir à valoir. Mensuellement et en plus à l'occasion de quelques jours de grandes fêtes, les prisonniers reçoivent gratuitement un colis de 5 kg, de Belgique, appelé le colis des Secrétaires Généraux, dont le contenu indique de plus en plus les difficultés de ravitaillement en Belgique : moins de sucre (1/4 kg au lieu de 1 kg), moins de tabac et de cigarettes, de sardines, de pâtes, etc...
En plus de ces distributions, les prisonniers recevaient régulièrement par mois, depuis 7 ou 8 mois, environ 5 kg de vivres de colis venant d'Amérique ou d'Angleterre. Ces envois arrivent au camp sous forme de colis individuels de 5 kg, mais pour éviter de devoir donner une étiquette à leur réception, ils sont ouverts et leur contenu distribué comme envoi collectif; les allemands ne retiennent alors de nos rations normales que le 1/5 du poids des produits équivalents distribués : sucre, viande, fromage, margarine, etc... Toutes les protestations contre cette façon d'agir contraire à la Convention de Genève ne donnent aucun résultat.
Le contenu des colis est vérifé à leur remise, plus ou moins soigneusement par des soldats allemands pour dépister les lettres clandestines ou les produits interdits : poivre, vin, alcool, produits pharmaceutiques, etc... Les colis non conformes sont confisqués et leur contenu remis à la communauté.
Un dépôt de boîtes de conserves non ouvertes a été autorisé où les prisonniers peuvent laisser au maximum 25 boîtes; journellement ce dépôt est accessible pour l'enlèvement des boîtes.
Toutes les manipulations nécessités par le service des colis ou le dépôt des conserves sont effectuées par des soldats et des officers belges, sous contrôle allemand. Les soldats allemands se laissent souvent séduire par un paquet de cigarettes ou un baton de chocolat.
Par suite de la qualité de plus en plus médiocre des aliments allemands et de la difficulté de plus en plus grande de confectionner en Belgique des colis cintenant de la viiande, du beurre, des pâtes, etc... et du prix de revient énorme de ceux-ci, il serait souhaitable que les envois collectifs de nourriture soient augmentés. De même, le tabac et les cigarettes se raréfiant en Belgique, la ration de 100 cig. par mois devrait aussi être augmentée.
Différentes organisations en Belgique, ainsi que des officiers rapatriés, réussissent de temps à autre à faire parvenir des envois collectifs plus ou mons importants; les envois de légumes frais et de fruits étaient très appréciés.
Très peu de vols ou de disparitions de colis, mais des durées très variables pour leur réception, allant de 10 à 30 jours, aussi parfois, de nombreuses marchandises arrivaient avariées.
A mon avis, pour soulager les familles qui ne peuvent dépenser 3000 frs par mois pour expédier 2 "beaux colis" à leur prisonnier, les colis individuels devraient être supprimés et les envois collectifs augmentés jusqu"à représenter 25 kg de vivre par tête et par mois. Cette façon de faire permettrait à tous de recevoir la même chose et des prisonniers qui ne veulent pas grever le budget de leur famille ou manger les produits qu'elles économisent, ne seraient plus obligés de donner ou vendre leurs étiquettes au plus offrant.
Lt. FRINGS Eugène : Informations sur les colis reçus à l’Oflag II-A, extraites du courrier à son épouse Renée Dupont
29 mai 1941
Pour passer le temps, j'ai commandé un banjo il y a 10 semaines, mais il n'est toujours pas arrivé.
27 juin 1941
Nous avons reçu dernièrement 12 tonnes de colis venant d'Amérique et envoyés par les Belges résidant aux Etats-Unis, chacun a reçu environ 4 kg, c'était très varié et j'ai mis 100gr de café de côté, que je me propose de vous rapporter si par hasard on rentrait avant la fin de la guerre.
(...)
Mon banjo est arrivé, c'est une grande compagnie pour moi ; plus tard nous pourrons faire des duos, toi ou Fifille avec la mandoline de mon Père ; la musique ne devra pas être oubliée dans l'éducation.
7 janvier 1942
On ne peut vous envoyer du café américain. Nous avons reçu un colis de Belgique avec un faire part à l'intérieur : " La Belgique Reconnaissante vous présente ses meilleurs voeux de Noël et Nouvel An ". Enfin !
4 février 1942
La " Belgique Reconnaissante " nous a envoyé un colis de Noël. Pourquoi ? Pour s'attirer nos bonnes grâces après nous avoir oubliés pendant 20 mois ?
29 avril 1942
Nous avons reçu un colis personnel du Roi ; d'autre part, nous en attendons de Lausanne et de l'Amérique. On pense plus à nous à l'étranger que dans notre propre pays, on ne l'oubliera pas !
24 juin 1942
Nous avons reçu un colis de sous-vêtements d'Amérique : 1 chemise, 1 pull-over, 1 caleçon, 2 paires de chaussettes et 2 mouchoirs. Là bas au moins on pense à nous.
Lettre du 20 août 1942
Le 7 août j'ai reçu de mon parrain un colis contenant du beurre. C'est la première fois que j'en mange depuis le 12 juin 1940 !
12 novembre 1942
De temps en temps nous recevons des dons étrangers : anglais, américains, africain, consistant en vivres et en cigarettes.
31 mars 1943
Certains camarades ont reçu des disques enregistrés par leurs parents, femme ou enfant ; c'est une très touchante attention mais qui hélas provoque immanquablement un cafard de 8 jours.
28 avril 1943
La " Belgique Reconnaissante "nous a, à cette occasion (Pâques), envoyé à chacun un oeuf (un vrai) et 4 oranges .
28 mai 1943
Je me suis pesé la semaine dernière, j'ai en ce moment 68 kg, donc presque comme avant guerre ; j'ai gagné 5 kg depuis 4 mois, c'est probablement grâce au supplément apporté par les colis que nous recevons d'outre-mer et qui comportent des denrées telles que viande, lait, fromage et autre matières très nourrissantes. nous attendons du riz et du café du Congo Belge.
9 décembre 1943 (II A)
Un stock de vêtements américains est arrivé au camp et me voici donc en possession d'un pantalon en attendant d'être équipé complètement d'un " battle dress ".