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samedi, 08 novembre, 2008
OFLAG II A Prenzlau | Manger
Maj. LEGRAND, officier évadé le 22 juillet 1943 : Rapport sur les Conditions de Vie des officiers belges prisonniers à l'Oflag II A, à Prenzlau (Londres, le 29 février 1944)
Nourriture:
Les rations allouées par les Allemands sont insuffisantes et les produits sont de qualité médiocre.
Tous les matins vers 7 heures, à l'ouverture des blocs, une boisson chaude -thé ou café (ersatz)- est apportée dans des cruches par les ordonnances et les thermos sont remplis; une deuxième distribution a lieu vers 14h. Le pain et les petits vivres sont distribués journellement dans l'après-midi, pour le lendemain? Ces denrées sont apportées dans les blocs par les ordonnances et réparties par chambre proportionnellement au nombre d'occupants. Les répartitions et distributions se font sous surveillance d'officiers belges : 1 par bloc et par étage.
Les aliments chauds sont préparés séparémeent dans les camps A et B et servis une fois par jour. Plusieurs services se succèdent dans les réfectoires depuis 11:30 jusqu'à 13:30. Tous les officiers recoivent une carte pour un service déterminé et poinçonnée à la réception du repas pour éviter les fraudes. En général, le repas se compose d'un potage (rutabaga 4 fois oar semaine, millet, choux, mauvaise farine de pois) et de pommes de terre cuites en chemise ou quelque fois écrasées et mélangées à un légume. Après avoir fait la queue à la porte et dans l'escalier, l'officier reçoit son repas à un guichet et, à son gré, mange au réfectoire ou rapporte sa nourriture dans sa chambre. Un officier peut emporter les rations de plusieurs de ses camarades et ce système était assez répandu. Dans les trois réfectoires, tables en bois sans nappe et bancs; un bol pour la soupe; l'officier doit amener son couvert et un récipient pour les pommes de terre qu'il doit éplucher et dont il laisse les épluchures sur la table; un seau d'eau plus ou moins chhaude et grasse permet de nettoyer les couverts au sortir de la salle. Quelque fois, dans l'après-midi, 2ème distribution de soupe dans les blocs faites avec des produits reçus des croix-rouge ou pays alliés : riz, haricots, pois, etc... Chaque fois que la chose est possible, la cuisine améliore l'ordinaire par l'adjonction de légumes fournis par le potager créé et entretenu par les officiers, ou reçus de Belgique : carottes, poireaux, céléris, choux, salades, etc...
Les cuisiniers sont des soldats belges; chaque cuisine est surveillée par un officier belge et leur ensemble est sous direction allemande : 1 sous-officier par cuisine toujours présent et l'officier. Les menus sont établis par les allemands. Malgré toutes les demandes souvent répétées, nous n'avaons jamais réussi à connaître les quantités exactes de denrées auxquelles nous avions droit.
La plupart des officiers améliorent la qualité ou le goût des aliments par l'utilisation de produits personnels préparés soit sur des réchauds collectifs ou au moyen de petits réchauds particuliers, à graisse, à bois ou à papier.
Après de nombreuses demandes, les autorités allemandes avaient permis de faire venir de Belgique un certain nombre de réchauds et cuisinières à gaz. Ceux-ci sont installés dans les vestiaires des salles de douches, mais des diminutions continuelles des quantités de gaz allouées en restreignent de plus en plus l'emploi; en juillet 43, une chambre de 6 officiers avait droit 2 fois 10 minutes de gaz par jour; un tableau fixe les heures d'emploi qui sont décalées journellement et le gaz utilisé est payé au Allemands.
Lt. TASSIER, Prenzlau, 15 septembre 1944
Nous avons des petits poêles pour la fristouille, et nous fabriquons nous-mêmes nos briquettes (de combustible) avec un mélange de poussière de charbon et de terre argileuse. J'ai passé mon après-midi d'avant-hier à faire au moyen d'une vielle boîte à conserves des petits pâtés avec ce mortier de charbon que nous laissons sécher au soleil... Et je me suis dit: "Si (mon fils) me voyait !"