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samedi, 08 novembre, 2008

OFLAG II A Prenzlau | Arts

GABRIEL, Jean : Le Cauchemar de la Captivité (inédit) in "La Belgique Militaire"

La lutte contre l'ennui....

Heureusement, des pays neutres expédièrent dans les camps des livres, des instruments de musique, du matériel de sport et de théâtre. On lut, on étudia, on constitua de petits orchestres; (...)

Cependant, le génie des captifs trouva son accomplissement dans le théâtre qui fut, pour la communauté cernée de barbelés, la distraction par excellence. Il ne fallut pas six mois pour que des troupes théâtrales naissent dans les camps. Les résultats étaient presque incroyables. On riait, on s'attendrissait, on perdait conscience d'être prisonniers, on oubliait totalement que la jolie jeune femme était sous-lieutenant et qu'un major tenait le rôle de la belle-mère jalouse. Dans les premiers temps, les hommes qui tenaient les rôles féminins se croyaient obligés de prendre une voix aiguë, mais cela sonnait faux; ils parlèrent bientôt avec leur voix naturelle, et nous nous y habituâmes rapidement.

On jouait des comédies, des drames, des opérettes. Je me rappelle les Amants terribles de Cocteau, Marius de Pagnol, Sixième Etage de Gehry, Zuster Beatrijs de Teirlinck, l'Arlésienne avec la participation de l'excellent orchestre à cordes du camp. Aussi, des pièces composées par des prisonniers, comme l'Echiquier du Roy du regretté Fernand Ducarme, de délicieuses revues poétiques de Camille Biver, des sketches où nos geôliers étaient moqués si adroitement que le censeur allemand embusqué dans la salle n'y voyait que du feu.

La salle de spectacle était un garage glacial en hiver et surchauffé en été. Les décors étaient à base de boîtes à converve, de planches prises à nos lits, de toiles d'emballage et de carton. Les perruques étaient faites de copeaux collés. Parfois, le gong sinistre de l'appel interrompait la pièce au meilleur endroit. Il n'empêche ! Ce théâtre de captivité nous fut plus cher, plus précieux que ne peuvent l'être pout nous, aujourd'hui, les belles réalisations des meilleures compagnies théâtrales, et nous avons une dette de reconnaissance envers tous ceux qui y collaborèrent, soit en scène, soit dans la coulisse, en dépit de leurs découragements, de leurs inquiétudes personnelles et de la sous-alimentation générale.

Maj. LEGRAND, officier évadé le 22 juillet 1943 : Rapport sur les Conditions de Vie des officiers belges prisonniers à l'Oflag II A, à Prenzlau (Londres, le 29 février 1944)

Théatre, Chorales, Music-hall, Concerts...

De nombreuses troupes françaises, flamandes et régionales existaient avant le départ des officiers de réserve. Tout était en réorganisation lors de mon départ. Les résultats qui avaient été obtenus étaient magnifiques et vraiment incroyables; au début, peu de moyens et peu d'instruments, mais petit à petit, grâçe à des prodiges d'ingéniosité et à des envois de Belgique, les ressources étaient meilleures et plus nombreuses. Presque tous les jours, il y avait l'un ou l'autre spectacle, concert ou audition en dehors des cours et conférences. De nombreux auteurs, acteurs et artistes ont fait applaudir leurs talents variés par des salles enthousiastes et toujours combles. Ces délassements constituaient l'un des meilleurs dérivatifs pour les prisonniers.

Divers...

(...) D'autres (officiers) se sont adonnés à la marqueterie, au dessin, à la sculpture et à la peinture. Des expositions périodiques avaient lieu et de nombreuses oeuvres et objets ont pu être renvoyés en Belgique.

Posted by bertinj at 4:46 PM
Edited on: samedi, 08 novembre, 2008 5:36 PM
Categories: La Lutte contre l'Ennui, Oflag II A Prenzlau